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chaque habitant de ces montagnes, femme ou homme, monte à cheval avec une hardiesse incroyable. C’est à cheval que les montagnards vont, de côté et d’autre, porter leurs minerais, dans toute saison et par toutes sortes de chemins. À Veres Patak les mineurs travaillent bottés et éperonnés.

Là, comme à Vulkoj, on ne voit que des étages de moulins à pilons qui broyent les pierres ; c’est le même bruit d’un bout du village à l’autre. Seulement il y en a bien davantage, ce qui fait que l’eau a une valeur inouïe. Un cours d’eau se loue quarante ducats par an et s’achète douze à quinze cents ducats[1]. Les quelques maisons où j’entrai étaient garnies d’un moulin, qui fonctionnait admirablement. Il me semblait que chacun possédait là son moulin, comme on a ailleurs son jardin ou sa cave. Il est en effet très raisonnable, pour peu qu’on soit maître d’un filet d’eau quelconque, d’avoir un de ces instruments commodes, quoiqu’un peu bruyants, qui, au bout de huit jours, en échange des pierres apportées, rendent une assez forte quantité d’or.

Je ne calomnie pas ces instruments précieux en les qualifiant de bruyants, et j’ai mieux que personne le droit d’en parler. Nous descendîmes à Veres Patak chez un jeune médecin du village, M. Vég, dans la maison duquel le guide nous avait conduits par la seule raison

  1. Le ducat vaut 11 fr. 86 cent.