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dée et portant le harisnya de drap blanc, déployaient une agilité étonnante. Ils avaient de longs bâtons dont ils se servaient, dans leurs courses, pour sauter les ruisseaux.

La route est semée, çà et là, de rocs à demi enfoncés dans la terre et qui semblent tombés au hasard de la main d’un géant. Ils sont ordinairement ronds et couverts d’arbres. Entre deux collines quelques roches pointues sont placées en ligne droite comme les arches d’un pont colossal ; on dirait qu’ici l’ordre d’un architecte a remplacé le hasard. Les Valaques expliquent cela par la tradition suivante. Un jour les deux filles d’un roi se partagèrent leur héritage. Quand chacune eut reçu sa part, l’aînée dit : « Avec l’aide de Dieu je vais me bâtir une forteresse. » — « Sans l’aide de Dieu, repartit l’autre, j’en élèverai une. » Toutes deux se mirent à l’ouvrage. La première bâtit Déva, mais la seconde n’a jamais pu construire que quelques murs, et ce sont les pierres que vous voyez à bas.

À partir de Zalathna les montagnes abondent en mines de toutes sortes. C’est là que sont situés les fourneaux où l’on extrait l’or et l’argent. Un nuage de fumée plane au dessus du bourg, dans les arbres, et on entend un bruit d’usine oublié depuis long-temps. C’est une chose étrange que de retrouver l’industrie dans ce pays de légendes et de traditions, que de voir un Valaque aux longs cheveux, vêtu comme l’étaient les Daces il y a