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une ceinture de diverses couleurs d’où pend le double tablier de laine rayé. Autour des jambes est roulée une pièce de drap blanc assujettie par les courroies des opinci.

La Valaque s’approcha les yeux baissés, nous offrit à boire et se retira.

Ces montagnes sont hospitalières entre toutes. Je vis sur le chemin, attachée à un arbre, une sorte de niche faite en bois. Sur le devant se trouvaient deux vases ; au fond on distinguait à peine une madone grossièrement peinte. Le lieu était désert. Personne ne passait. L’un de ces vases était encore plein d’eau, l’autre était déjà vide. Qui les avait placés là ? je l’ignorais. Pour qui avaient-ils été remplis ? pour moi, si j’eusse voulu. Quand je parcourus à cheval ces montagnes, j’en rencontrai souvent. Un jour en moins de deux heures je comptai onze vases mis sous les arbres par des mains inconnues, et auxquels j’aurais pu me désaltérer. Chaque matin les Valaques vont les remplir pour le voyageur qui passera dans la journée et qui peut être un ennemi. Quelques reproches qu’on soit en droit de faire aux Valaques, il faut pardonner beaucoup à des hommes qui pratiquent cette touchante et pieuse coutume.

Plus loin nous rencontrâmes un village. Les Valaques s’assemblaient pour la danse, car c’était jour de fête. Les femmes, dans leur costume élégant, étaient remarquablement belles. Les hommes, en chemise bro-