Page:Auguste de Gérando - La Transylvanie et ses habitants, 1845, Tome I.djvu/296

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

cette ville et Szászváros, que les Hongrois remportèrent leur fameuse victoire de 1479. Assistons à cette dernière journée. Si le lecteur n’a pas pour agréables tous ces récits de bataille, qu’il s’en prenne aux Turcs. Je n’écris pas un roman. Je voyage l’histoire à la main.

Au moment où Mathias Corvin attaquait les Turcs en Hongrie, Ali-Beg envahit la Transylvanie à la tête de cent mille hommes. Le vayvode Étienne Báthori rassembla à la hâte les soldats qui n’avaient pas été rejoindre en Hongrie l’armée royale, et appela à son aide Paul Kinisi, ban de Temesvár. Il marcha à la rencontre des Turcs, qui chassaient devant eux la population, et prit position dans une plaine étendue, que sa fertilité a fait nommer Kenyér mezö, « le champ du Pain ». C’est un vaste amphithéâtre qu’on dirait destiné à servir d’arène à des combats de géants. Des collines qui figurent d’immenses gradins l’entourent circulairement ; une petite rivière le partage en deux parties et détermine la position des deux armées ; enfin la Maros, longeant l’extrémité de la plaine, semble placée là pour emporter les morts. Étienne Báthori comptait moins sur les troupes nouvellement levées qu’il commandait que sur les secours qu’il attendait de Hongrie. Cependant il excita le courage des siens en leur rappelant les nombreuses défaites des Ottomans. « Dieu et Báthori, s’écria-t-il, seront partout où sera le danger. » Le jour où l’armée ottomane vint accepter la bataille, tous les