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« Reçois maintenant, s’écrie-t-il, la récompense que tu mérites. »

Ce qui rend plus odieux ce sacrilège, c’est que là même où il a été commis le sol parle des gloires de Jean Hunyade. Aux portes de Carlsbourg, le gouverneur gagna sur les Turcs une des plus importantes batailles qu’il leur ait livrées. Comment les profanateurs n’ont-ils pas reculé devant l’ombre victorieuse du héros ?

En effet, on se souvient encore, dans le petit village de Szent Imre[1], de la sanglante journée où Amurat perdit la plus belle armée qu’il ait fait marcher contre les Hongrois. C’est dans la grande plaine qui sépare Szent Imre de Carlsbourg que l’action s’engagea. Dans l’imminence du danger, Hunyade avait envoyé de village en village un sabre ensanglanté, suivant la vieille coutume des Huns, pour appeler toute la population aux armes. Il s’avançait à la tête de quelques troupes, attendant la levée générale des habitants, quand il fut attaqué à l’improviste par les Turcs. Surpris avant de se mettre en ordre, les Hongrois perdirent du terrain et lâchèrent pied. Plusieurs chefs illustres succombèrent, et avec eux l’évêque de Transylvanie, qui combattait à la tête de sa baronnie. Cette action n’était que le prélude d’une bataille plus générale, à laquelle prirent part tous les hommes de guerre qui répondirent à l’appel de Hunyade.

  1. Saint-Émeric.