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garde de creuser pour toi-même la tombe que tu me destines ! Tu es en mon pouvoir. Je t’imposerais le châtiment que tu mérites, si le respect et l’amour que je dois à mon souverain ne retenaient mon bras. Fuis, et ne reparais plus devant mes yeux, car je ne t’épargnerais pas. »

Hunyade se vengea de la perfidie du roi en sauvant Belgrade : car ce fut peu de temps avant sa mort qu’il faillit être victime de ses ennemis. Telle était la récompense d’une vie si longue et si pleine ! Les Turcs au moins lui rendaient justice. Mahomet déplora sa perte, et long-temps encore après lui les femmes de Constantinople effrayaient leurs enfants rebelles en prononçant le nom de Jean Hunyade.

Le gouverneur avait laissé deux fils sur lesquels retomba la haine de la maison d’Autriche. Ladislas, l’aîné, avait fait la guerre avec succès en Bohême dès l’âge de vingt ans. Il avait secondé son père, et s’était signalé à la défense de Belgrade. Ce fut sur lui que les Hongrois, qui n’espéraient plus avoir un roi allemand, jetèrent les yeux dès que le gouverneur eut expiré. À la surprise de tous, le roi confia au comte de Cilley les charges que remplissait Jean Hunyade. Ulric n’ambitionnait le pouvoir que pour perdre les Corvins. Un astrologue avait prédit que le fils de Hunyade porterait un jour la couronne de Hongrie. Ce fait, rapporté par Ulric, jeta la défiance dans l’esprit du roi. Ladislas