Page:Auguste de Gérando - La Transylvanie et ses habitants, 1845, Tome I.djvu/284

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de trois mois. Le butin dont il comptait s’emparer aurait servi à la solde des troupes coalisées. On a peine à comprendre que la voix du peuple hongrois n’ait pas été entendue. Nul doute que Jean Hunyade aurait tenu parole, et que, s’il eût été secouru, les Ottomans étaient refoulés en Asie.

Abandonnés à eux-mêmes, les Hongrois puisèrent de nouvelles forces dans leur dévoûment. Hunyade leva à ses frais dix mille hussards. Le roi lui-même, qui, en présence du danger, s’était enfui à Vienne, abandonnant à la Providence le salut du royaume, équipa vingt mille hommes. Tous les Hongrois en état de prendre les armes volèrent à la défense de Belgrade, le premier boulevart du royaume, que deux cent mille Ottomans tenaient assiégée. Mahomet avait dans son camp des munitions de toutes sortes, et jusqu’aux chiens qui devaient dévorer les prisonniers hongrois. Ses énormes canons de vingt-sept pieds de long, dont on entendait le grondement à une distance de vingt-cinq milles, lançaient sur Belgrade des projectiles inconnus jusque alors. C’en était fait de Belgrade si Hunyade ne fût accouru. Il résolut tout d’abord de détruire la flottille turque qui fermait le Danube. Il ouvrit son plan à son beau-frère Michel Szilágyi, qui commandait Belgrade, et au moment où Hunyade attaquait de front les bateaux ennemis, les assiégés tombèrent sur eux par derrière. Cette manœuvre anéantit la flottille ottomane, et Hu-