Page:Auguste de Gérando - La Transylvanie et ses habitants, 1845, Tome I.djvu/28

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

deur de cette capitale de l’avenir, le plus beau pont de fer que l’on ait encore construit réunira bientôt les deux villes. C’est en peu d’années et comme par enchantement que se sont élevés tous ces édifices, magnifiques témoignages de l’activité d’un peuple qui se réveille.

Après Pesth commencent les Puszta. Les Hongrois appellent ainsi les steppes situées au centre de leur pays. Elles s’étendent de Pesth à Debreczin, de Szegedin à Erlau, dans une circonférence de près de deux cents lieues. Généralement fertile, la terre présente l’aspect d’une mer de blé qui ondule sous le vent ; parfois sablonneuse, elle offre l’image du désert ; ailleurs ce sont de riches prairies et des chevaux qui paissent. Pas de routes, pas de chemins ; seulement des traces de roues, çà et là, indiquent par où passent le plus de voitures. Autour de vous, à l’horizon, le mirage, dans l’eau duquel se baigne un clocher renversé. De loin en loin un puits : un simple trou en terre, une perche que l’on y fait descendre pour en tirer de l’eau, et un tronc creusé qui sert d’abreuvoir. Souvent aussi un monticule, tombeau de quelque héros d’un autre âge. Au ciel, des cigognes qui volent. Puis, vers le soir, de tous côtés, brillent des feux allumés par des bergers ou des marchands en route, qui rappellent les haltes des caravanes d’Égypte.

Le spectacle continuel d’une plaine sans bornes peut paraître monotone ; mais c’est la monotonie de l’Océan.