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chapitre X.
Guerres des Turcs. — Les Corvins. — Szent Imre. — Le Champ du Pain.

Les Hongrois se sont immortalisés par leurs guerres contre les Turcs. Ils ont sauvé l’Europe à plusieurs reprises. Pour comprendre tout ce que ces luttes gigantesques avaient de terrible, il faut parcourir la Hongrie, voir les ruines, interroger les traditions encore vivantes. Ces églises mutilées et noircies, ces forteresses rasées, ces noms de lieux qui vous frappent tout à coup, ces grands villages où s’agglomérait une population menacée, tout cela rappelle puissamment l’âge héroïque des Corvins.

Nous nous faisons généralement une fausse idée de ces guerres. Quand on se représente une bataille entre les Turcs et les Chrétiens, on accorde aux premiers la supériorité du nombre, aux seconds celle de la tactique, et comme il semble que l’intelligence doive toujours triompher de la force brutale, ceux-ci paraissent placés dans les meilleures conditions. Au moyen âge, où la tactique n’existe pas encore, les Chrétiens ont du moins l’avantage d’être parfaitement armés. On se figure aisément ce qu’a pu être la bataille de Tours. Nous voyons les légers cavaliers d’Abderame inonder la plaine, pareils