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été relevée et habitée par Gyula, celui des sept chefs magyars auquel échut la Transylvanie, et elle porta son nom Gyula Fejérvár, Alba Julia, jusqu’au siècle dernier. Quand les Tatars avaient passé par la ville, on l’appelait Nigra, « la Noire ». Sous le règne de l’empereur Charles VI, le prince Eugène éleva, sur les ruines du vieux château de pierre, une citadelle destinée à protéger la Maros, et le nom de Gyula fit place à celui de Karoly[1]. Depuis ce temps les Allemands l’appellent Karlsburg. C’est la seule place forte du pays, et elle pourrait soutenir un long siége.

Fejérvár était la résidence des vayvodes et des princes de Transylvanie. Aussi les magnats y avaient-ils des droits particuliers. Les jours de foire, par exemple, ils partageaient avec les personnes de la cour le privilège d’acheter les premiers ; ce n’était qu’après dix heures sonnées que le marché était ouvert pour les autres. Le palais des princes fut embelli par Jean Sigismond, « qui lui donna, dit Wolfang Bethlen, une splendeur digne de sa destination. Les murailles furent ornées de belles peintures représentant des emblèmes guerriers, afin que la magnificence royale éclatât dans la demeure du souverain ». Ce palais n’existe plus, et on voit aujour-

  1. Les Hongrois disent aujourd’hui Karoly Fejérvár, « forteresse blanche de Charles. » Les Valaques l’appellent Belgrad.