Page:Auguste de Gérando - La Transylvanie et ses habitants, 1845, Tome I.djvu/256

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

que deux hommes déterminés, placés à deux endroits qu’il désignait, pouvaient, avec des pierres et des vivres, défier des compagnies. Certes, ce devait être une place formidable, car les amis eux-mêmes n’y arrivaient qu’en bravant la mort. On voit encore une partie du mur d’enceinte, qui a la solidité des constructions romaines. On ignore l’époque où le château fut élevé. Les paysans, frappés de la hardiesse d’un tel ouvrage, l’attribuèrent aux esprits surnaturels, et la tradition ajoute qu’il fut habité par Tünder Hona. On lit qu’en 1272 le roi saint Ladislas y construisit un cloître, qu’il dota d’une rente de huit cents pains de sel. Bâti sans doute sous les premiers rois de Hongrie pour protéger le pays d’alentour, et réparé dans ce but par Mathias Corvin, le castrum ketskés devint, au 16e siècle, l’asyle des brigands de la montagne. Les gentilshommes de la plaine se réunirent, les attaquèrent, et les punirent cruellement de leurs rapines. Mais les bandits reparurent, et, sur les plaintes des habitants, un décret royal ordonna en 1515 la destruction de la forteresse.

Le temps était couvert ; nous ne pouvions voir le beau panorama qui se déroulait à nos pieds, et qui s’étend, nous disait-on, au nord jusqu’au mont du Roi, au sud jusqu’à Hermannstadt. Les nuages qui passaient au dessous de nous s’ouvraient devant le roc pour se refermer ensuite. Dans les moments d’éclaircie nous apercevions des montagnes boisées, des plaines arrosées