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les héritiers légitimes de la puissance turque ? Slaves d’origine, ils ont pour la plupart de fortes tendances à s’unir, et de naturelles sympathies les rapprochent des Hellènes, leurs anciens compagnons de servitude. Sur plusieurs points de la Péninsule la fusion des deux races s’est opérée, et on ne peut douter qu’une destinée commune n’attende ces deux nations, dont les histoires se confondent depuis un temps immémorial. Ce serait à l’Europe, à la France surtout, si elle veut être fidèle à ses anciennes traditions, à seconder les efforts de ces millions de chrétiens : car il y aurait là les éléments d’un empire nouveau, qui remplacerait l’empire croulant des Osmanlis. Baigné par trois mers, ce royaume à la fois slave et grec aurait presque l’étendue de la France, et sa population, qui dès aujourd’hui compterait douze millions d’habitants, s’accroîtrait sous une administration régulière.

Ces peuples ont un ardent désir de vivre de leur vie propre, et, à l’heure présente, le protectorat russe ne leur serait pas plus cher que le protectorat ottoman. Voilà pourquoi ils sont capables de former un état indépendant, qui, avec les ressources et l’heureuse situation du sol, pourrait prétendre à une grande prospérité. Mais il est facile de prévoir que les tzars, installés dans la capitale des sultans, exerceraient à la longue leur influence sur ces provinces slaves, qu’une communauté de race et de religion rattacherait à l’empire. Il est donc