Page:Auguste de Gérando - La Transylvanie et ses habitants, 1845, Tome I.djvu/243

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

poussa la porte qui se trouvait au fond de la salle, et je me trouvai dans une chambre où étaient assis deux personnages.

Le visage vénérable de l’un était orné d’une longue barbe blanche. L’autre, à la physionomie vive et fine, avait une barbe grisonnante artistement coupée. Ce fut ce dernier qui m’accueillit. Il se leva, me tendit la main, me présenta son collègue l’évêque d’Hermannstadt, et répondit affectueusement au compliment que je lui débitai en latin, attendu que je ne me sentais pas assez sûr de mon allemand ni de mon hongrois, et que je n’étais pas fort en état de lui parler valaque. Après les paroles indispensables sur la France et sur la Hongrie, sur les mauvaises routes et sur le beau temps, j’essayai d’amener la conversation sur un sujet qui me touchait beaucoup. Je savais que la discipline grecque, qui tolère les prêtres mariés, défend à l’évêque de garder près de lui sa femme, s’il en a une, et je me demandais si un individu de ma sorte, qui avait reçu le septième sacrement, pouvait réclamer une hospitalité qu’il était bien décidé à ne pas accepter pour lui seul.

Nous parlions de la situation de la Transylvanie. Comme l’évêque s’étonnait qu’un étranger put discourir sur des sujets aussi difficiles, je lui appris qu’attaché à une famille hongroise, j’étais presque citoyen de son pays. J’ajoutai que mes voyages ne laissaient pas que de m’être fort agréables, par la raison que les fatigues