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non déplacés, par les Hongrois, qui, faisant une trouée au milieu des Slaves, les ont refoulés au nord et au sud, tandis qu’eux-mêmes s’emparaient des riches plaines situées au centre.

En France, la race victorieuse et la race vaincue se sont réunies pour former un peuple nouveau. Le même fait ne pouvait se reproduire en Hongrie. Les Hongrois ne s’établirent pas dès l’origine dans le pays dont ils s’étaient rendus maîtres. Après une halte en Pannonie, ils poussèrent plus avant, et vinrent, pendant plus d’un siècle, ravager nos contrées. Repoussés par les Occidentaux, ils gardèrent définitivement les grandes plaines qui leur servaient de quartier général ; mais les Slaves, qui s’étaient ouverts pour laisser passer l’armée nomade, ne descendirent plus de leurs montagnes. L’étendue et la dépopulation du pays favorisaient cette dispersion des habitants : le vaincu cédait la place au nouvel arrivant, trouvait plus loin un lieu désert et y bâtissait sa demeure. Chaque race a grandi sur son propre sol, en conservant à un très haut degré le sentiment national ; si bien que cet état de choses, qui subsiste depuis mille ans, semble ne dater que d’hier.

Le Danube coule entre deux rives hongroises à partir de Presbourg. Mais déjà avant cette ville la rive gauche appartient à la Hongrie. Aussi, dès que le bateau à vapeur l’atteint, dès qu’on aperçoit les ruines du château de Déven qui marquait au moyen âge les limi-