Page:Auguste de Gérando - La Transylvanie et ses habitants, 1845, Tome I.djvu/237

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

en élevant à la hâte des barricades sur les deux places où l’ennemi déploiera ses forces ; mais, pressés par le nombre, ils sont contraints de se réfugier dans le fort. Les Moldaves qui, à la faveur des troubles, avaient passé la frontière pour piller le pays, se mêlent aux assiégeants. On les éloigne en leur payant une rançon.

Restaient encore les Turcs, dont la faible garnison soutenait vaillamment les attaques, quand le gros de l’armée ennemie parut sous les murs. Le khan tatar et le pacha turc amenaient des troupes fraîches. À cette vue, les habitants d’Enyed se précipitent dans l’église que renferme l’enceinte du fort, et implorent la miséricorde de Dieu. Les infidèles battent les murailles en brèche, et, malgré les pertes qu’ils éprouvent, sont sur le point de donner l’assaut. Les bourgeois n’espèrent plus de salut : ils déposent les armes, et apportent au camp des Turcs tout ce qu’ils ont pu trouver d’or et d’argent. Même les vases sacrés ont été enlevés de l’église et sont livrés aux assiégeants. Ce butin ne satisfait pas les Turcs. Le khan tatar exige qu’on lui livre trois des plus belles jeunes filles d’Enyed ; mais à peine a-t-on amené les victimes au camp, qu’une pluie de feu, dit la légende, incendie les tentes de l’ennemi. Les infidèles se dispersent, poursuivis par les assiégés qui ont repris courage, et ils abandonnent ce lieu maudit.

On raconte que depuis cette époque les Tatars n’o-