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Il s’en est suivi que l’esprit d’indépendance qui animait le collége d’Enyed s’est singulièrement accru ; et de cette situation même il résulte que maîtres et élèves se sont fortement attachés les uns aux autres, car tous se regardent comme champions d’une même cause. Cette étroite union ne peut qu’influer heureusement sur les études. En même temps, les jeunes gens qui apprennent de bonne heure que le pays compte sur eux s’imposent l’obligation de répondre à cette attente, et ils conservent une dignité naturelle, un respect de soi-même, qui ne se trouve pas toujours chez les étudiants de France ou d’Allemagne. À voir la gravité qui tempère l’expression de leurs physionomies spirituelles, on sent que chacun d’eux a pris sa vie au sérieux. Qu’on ne s’imagine pas toutefois que par suite de cette éducation virile la vivacité nationale disparaisse. Quand je visitai les chambres des élèves, je remarquai que des instruments de musique étaient toujours accrochés au mur ; et, en me promenant le soir aux abords du collége, j’entendis partir de chaque fenêtre, avec des accompagnements de guitare, des voix accentuées qui chantaient avec feu des airs populaires. Puisque j’ai prononcé le mot de musique, je ne passerai pas outre sans dire que, suivant la recommandation de M. Szász, bon nombre d’élèves nous attendirent dans une salle, leurs instruments à la main, et nous firent entendre plusieurs