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coutumer au travail, s’échappèrent tous et rejoignirent les tentes de leurs pères. En 1782 il n’y avait dans toute la Hongrie que soixante-dix-sept « sessions » qui fussent cultivées par des Gitanes, et la somme des contributions payées par eux ne dépassait pas vingt mille florins. Dans le recensement fait à cette époque de la population du royaume, on compta, outre ceux qui avaient consenti à devenir laboureurs, 43 787 Gitanes, dont 5 886 se donnèrent pour maréchaux, et 1 582 pour musiciens. On n’a pas fait de conscription nouvelle, mais il est probable qu’ils sont aujourd’hui en moins grand nombre ; on dit, en effet, qu’ils diminuent sensiblement, et qu’ils disparaîtraient à la longue si de nouvelles hordes ne venaient de la Valachie et de la Moldavie. Au 16e siècle les Gitanes furent chassés de plusieurs états de l’Europe. La Hongrie et la Transylvanie ont été pour eux plus hospitalières, et on trouve dans les actes des anciennes Diètes divers articles qui les concernent.

Ce qui les entretient dans le goût de la vie errante, outre leur inclination naturelle, c’est l’extrême facilité avec laquelle ils supportent la fatigue et les privations. Ils ont les mêmes haillons pendant les chaleurs excessives de l’été comme pendant le froid rigoureux de l’hiver, et dans le moment où on traverse une rivière en traîneau on les voit quelquefois marcher pieds nus, sans autre vêtement que des lambeaux troués qui les