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de Toroczkó, mais d’une propreté recherchée. Nous prîmes place autour d’une table, qui fut bientôt couverte d’un linge blanc comme la neige, et on apporta un goûter fort substantiel. Le visage de notre hôte exprimait la bonhomie, et une certaine dignité mêlée de satisfaction : car nous n’étions pas venus seuls, nous avions été accompagnés dans cette visite par la châtelaine du lieu, qui tous les ans va le voir, et qui nous fit, avec une grâce charmante, les honneurs de sa vallée.

Ce fut elle encore qui nous conduisit aux forges de Toroczkó, qui sont situées prés de l’Aranyos. Sur le bord du fleuve une tente de feuillage avait été élevée à la hâte pour nous recevoir. Des rosiers attachés par la racine pendaient comme des lustres, et des fleurs cueillies aux champs voisins couvraient presque entièrement la table. Après une halte sous ce toit improvisé, où l’on oubliait la chaleur du jour, nous visitâmes les forges Unvi. Deux Bohémien qui descendait en droite ligne des cyclopes nous fit voir tous les fourneaux avec une majesté comique. Quand notre inspection fut terminée, il saisit une tenaille d’une dimension colossale, et, l’ouvrant tout à coup, il la referma si vivement sur moi, que je restai son prisonnier. Toutefois il m’avait laissé le bras droit libre, ce qui voulait dire que j’avais la faculté de porter la main à ma poche. En effet, j’obtins ma délivrance pour quelques pièces de monnaie. Le vieux cyclope, souriant dans sa barbe grise, m’assura