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arriva en cet ordre à la tente du visir, qui le régala de cafetans, avec tous ceux qui le suivaient. Le visir lui fit aussi présent d’une veste doublée d’hermine, et couverte d’une étoffe à petites fleurs d’argent sur un fond rouge ; après quoi il fut conduit dans une tente qu’on lui avait préparée, et qui était environnée de diverses autres pour la noblesse qui était avec lui. »

Pendant le siège de Vienne, Tököli évita de se joindre aux Turcs, et s’attaqua au château de Presbourg. Kara-Mustnpha, forcé d’abandonner l’Autriche, fit retomber sur Tököli le mauvais succès de l’expédition, et l’accusa devant le Grand-Seigneur. Tököli se rendit seul à Constantinople et se justifia. Calomnié une seconde fois, il fut mis aux fers par le pacha de Grand-Waradein. Les conseillers du sultan voyaient avec envie dominer cet infidèle, dont ils subissaient à regret l’influence ; mais il leur imposait par son génie, et on n’osa pas attenter à ses jours. Les Turcs se hâtèrent de le tirer de prison et de le remettre à leur tête. Pendant sa captivité ils avaient perdu du terrain, et une foule de places s’étaient rendues, hormis Munkáts, que la comtesse Tököli défendit avec héroïsme.

Une chose faisait la force de Tököli, la haine des Hongrois contre l’Autriche. À peine les Impériaux avaient-ils quitté une province, que les habitants accouraient en foule au devant des mécontents pour s’enrôler. Mais d’autre part la cour de Vienne avait l’art de