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vança malgré la trêve vers la résidence du chef hongrois. Mais celui-ci, prévenu à temps, attendit les ennemis de pied ferme et les tailla en pièces. Tököli feignit de se réconcilier avec l’empereur : il rompit ostensiblement avec les Transylvains, et renvoya à Teleki l’anneau de fiançailles qu’il avait reçu de sa fille. La cour de Vienne, trompée par ces apparences, laissa Tököli épouser la veuve de Rákólzi, et s’emparer tranquillement des forteresses qui appartenaient à cette maison. Elle ne reconnut son erreur que lorsque le chef des mécontents, levant le masque, appela les Turcs à son aide. Le Grand-Seigneur remit le cafetan à Eméric Tököli, et le déclara prince régnant de Hongrie. À la mort du prince les Hongrois devaient se choisir un nouveau souverain, lequel serait tributaire de la Porte, comme le prince de Transylvanie.

Pour montrera tous que le sultan avait en grande estime le chef des mécontents, le visir, qui campait près d’Eszek, lui fit une réception magnifique (1683). « On envoya jusqu’à trois lieues au devant de lui, rapporte le biographe de Tököli[1], le chiaous Bassi, accompagné du spahilar Agasi, et de divers autres agas, à qui Maurocordato, premier interprète du Grand-Seigneur, servit de trucheman. Six vingt dellis du visir vinrent lui offrir leur service, et lui tirent dire qu’ils venaient pour

  1. Vie du comte Emeric Tekeli. Cologne, 1693.