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comitats, et finit par se reposer sur lui du soin des affaires. La puissance qui échut à ce ministre lui suscita des envieux, dans ce pays où les grands étaient toujours acharnés les uns contre les autres, et les calomnies lui ont survécu. Pourtant sa correspondance avec Sobieski, et avec le père Dunot, agent de Léopold, montre quels nobles sentiments animaient ce grand citoyen, qui mourut sur le champ de bataille à un âge où ceux qui ont bien mérité de la patrie se reposent ordinairement de leurs longs services.

La gloire de Teleki fut d’étouffer ses propres antipathies, et de consommer la réunion de la Transylvanie à l’empire. Les Hongrois ne lui en ont pas su bon gré, parce que le gouvernement autrichien n’a jamais été populaire. Toutefois il faut reconnaître qu’il eut l’habileté d’obtenir pour son pays la meilleure des capitulations. Sans lui il serait arrivé de deux choses l’une : ou la Transylvanie aurait été reprise aux Turcs par l’Autriche, ou elle serait restée jusqu’à ce jour nominalement soumise à la Porte. Dans le premier cas, on l’eût traitée en province conquise, sans respect pour ses institutions libérales ; dans la seconde hypothèse, elle aurait aujourd’hui le sort des provinces danubiennes. Les princes autrichiens, il est vrai, ne s’attachèrent pas à mériter l’amour de la nation ; mais, à tout prendre, leur gouvernement était préférable au protectorat turc. Le second Nicolas Zrinyi, peu d’instants avant sa mort, contait à