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l’indépendance de la principauté. Battu, il se réfugia à Constantinople, ramena des troupes turques, appela les Transylvains aux armes, et offrit la bataille à Basta, qui fut une seconde fois victorieux. Székely périt dans la déroute. Bethlen, qui servait sous lui, devint chef du parti national, et seconda habilement le prince Gabriel Báthori dans la guerre qu’il soutint contre les Impériaux.

Báthori ravagea le territoire des Saxons comme un pays ennemi. Ses crimes soulevèrent contre lui un grand nombre de Transylvains, qu’il proscrivit ou condamna à mort. L’orage grondait déjà quand il eut l’imprudence de s’aliéner son meilleur appui et son plus fidèle partisan, Gabriel Bethlen. Un jour qu’il avait dîné chez ce dernier à Hermannstadt, il perdit l’équilibre en descendant le petit escalier de bois de la maison, parce qu’une marche se rompit sous lui. Báthori, que les dangers rendaient soupçonneux, ouvrit l’oreille aux calomnies, accusa Bethlen d’en vouloir à ses jours, et lui fit des menaces. Bethlen le prévint, se retira à Constantinople, et le sultan, qui connaissait sa bravoure, l’accueillit avec des égards. Plusieurs Transylvains réfugiés avaient dénoncé au divan l’administration de Báthori et dépeint les guerres civiles qu’il avait allumées. Le Grand-Seigneur confia à Bethlen quelques troupes, qui mirent en fuite celles de Báthori dans les défilés de la Porte de Fer. Abandonné de tous ses sujets, ce prince s’enfuit jusqu’à Grand-Waradein, où il trouva la mort.