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cet homme avide, il défendit aux gentilshommes de lui acheter un seul de ses chiens, si bien qu’il s’en retourna « pauvre comme son doigt. »

Voici maintenant ce qui se répète dans les mines d’Offenbánya. Il y avait autrefois un directeur suprême des mines qui avait gagné une immense fortune, et s’en servait pour satisfaire l’orgueil le plus intraitable qui se soit jamais emparé du cœur d’un homme. Il portait de somptueux habits, faisait bonne chère, et n’entrait dans l’église qu’en marchant sur des plats d’or, que douze valets plaçaient à mesure sous ses pas. Cela fut rapporté au roi Mathias, qui s’affligea beaucoup en pensant qu’on eût pu secourir quantité de pauvres gens avec tant d’argent mal employé. Un jour il quitte Bude en habit de voyageur, et arrive à Offenbánya. Il voit en effet notre homme se pavaner comme à l’ordinaire devint une foule de pauvres diables. Que fait-il alors ? Il écrit sur le mur ces simples mots, qui forcèrent le riche orgueilleux à cacher ailleurs sa confusion : « Le roi Mathias est venu ici ; il a mangé trois œufs, et il a vu son chambellan qui marchait dans l’église sur des plats d’or. » Le détail des trois œufs, dans les vers hongrois, arrive peut-être pour la rime. Mais il a aussi un sens, car la bonhomie de Mathias Corvin est populaire comme sa bravoure. L’histoire raconte qu’il fut guerrier illustre et grand législateur. Le peuple se souvient qu’il fut juste et protégea le faible.