Page:Auguste de Gérando - La Transylvanie et ses habitants, 1845, Tome I.djvu/113

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

passe comme le tonnerre, est d’un puissant effet ; et l’entraînement général est tel, que les tribunes elles-mêmes s’agitent, bien que les règlements obligent à garder le silence quiconque n’est pas membre de la Diète. Les jeunes gens assistent en armes aux séances, et les femmes, qui ont des places réservées, y accourent avec empressement. Je me trouvai dans la salle un jour que le gouverneur présidait Comme plusieurs députés impatients le priaient d’ouvrir la séance, « Attendons encore, répliqua-t-il en souriant ; la comtesse *** n’est pas ici. » Cela voulait dire que l’heure n’était pas venue.

Il est ici question des États de 1841, à l’ouverture desquels j’assistai. On comptait beaucoup sur cette Diète, qui s’ouvrait sous d’heureux auspices, et qui en effet réalisa en partie les espérances que l’on avait conçues. Aussi les fêtes, les joyeuses réunions, se succédaient-elles. Le bal le plus brillant eut lieu chez le baron Jósika, commissaire royal, c’est-à-dire représentant du prince auprès de la Diète. On y vint en habit hongrois. Ce costume, qui appartient à un peuple de soldats, puisqu’il serre le corps et n’est pas complet sans le sabre, est en même temps d’une magnificence orientale. Avec le bonnet de fourrure garni de velours rouge (kalpag), les Hongrois portent une courte redingote (attila) boutonnée par des brandebourgs d’or, un étroit pantalon galonné et des bottines à frange d’or. Une riche pelisse (bunda) brodée d’or ou une peau de tigre pend sur le