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d’une table et de porte-pipes qu’ils appellent « le Casino ». Ils y fument continuellement sous prétexte de lire les journaux. Ces sortes d’établissements, nécessaires dans une ville, centre d’un grand mouvement littéraire ou politique, ne sont pas ici très utiles, et ils ont le tort de diviser la société. Les réunions intimes, qui rendent la petite ville agréable, disparaissent. En Transylvanie les femmes sont généralement fort distinguées. J’ignore pourquoi l’on ne recherche pas de préférence leur compagnie. Le gentilhomme vivant ici sur ses terres, et les exploitant lui-même, se place déjà, par ses goûts et ses occupations, sur un terrain à part ; peut-être devrait-il plutôt se rapprocher du foyer. C’est seulement dans la société des femmes que l’on peut acquérir cette aisance de manières, cette élégance de formes, que possèdent si bien les vieux seigneurs transylvains. Encore je ne parle ici que des moindres inconvénients.

Les divorces, que l’on tolère parmi les protestants, sont à peu près aussi fréquents dans ce pays qu’ils l’étaient en France sous l’empire. Cela est au reste parfaitement passé dans les mœurs. On redevient étranger, mais on n’est pas ennemi. On se voit, on se fait des politesses après le divorce comme avant le mariage, et presque toujours on s’entend à merveille pour l’éducation des enfants. Si on dégage le divorce des réflexions graves qu’il fait naître, et à l’envisager, une fois admis, sous le côté le moins sérieux, il donne là à certaines