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Jean.

Quel abus faites-vous de votre empire sur moi ! Que me demandez-vous ?

La Comtesse.

Je te demande de tenir la foi jurée. L’honneur de ton temps te permet-il d’y manquer ?

Jean.

Ai-je donc juré d’épouser Marie à jour fixe ? Et croyez-vous le moment bien choisi ? Il y a des choses plus faciles à dire à un père qu’à une mère ; mais enfin, puisque vous avez surpris ou deviné les secrets de mon existence, trouvez-vous que je sois en état de grâce suffisante pour le mariage ? Le milieu où je vis a allumé dans ma tête et dans mon sang des ardeurs funestes, soit ! mais vous ne les éteindrez pas avec un verre d’eau. Faites plutôt la part du feu, dans l’intérêt même de Marie ; je l’épouserai un jour…

La Comtesse.

Non ! tu ne l’épouseras pas ! Tu feras un mariage d’argent ; voilà où tu vas.

Jean.

Je viens de refuser une dot de quinze cent mille francs.

La Comtesse.

Tu l’accepteras demain ! Du mépris de l’amour au mépris du mariage, il n’y a qu’un pas. Au nom du ciel, entends-moi ! Écoute ta vieille amie. Si c’est trop que te demander un retour définitif, accorde-nous un mois, accorde-nous huit jours ! Viens te retremper dans l’atmosphère de la famille. Si la pure lumière de ta vie