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l’outil de votre fortune ? Ne le lui jetez pas à la tête ! Vous voilà armé, lancez-vous dans la mêlée et faites votre trouée.

Jean.

Oh ! je ne veux plus toucher une carte.

Hortense.

Vous ferez bien, mais qui vous parle de cela ? Lancez-vous dans le monde des affaires, de la spéculation. Vous en connaissez maintenant les coryphées ; vous avez de la chance au jeu, allez !

Jean.

Est-ce vous qui parlez, Hortense ?

Hortense.

Oui, moi qui vous aime et qui ne veux pas que vous me reprochiez un jour de vous avoir laissé manquer à votre destinée. Vous n’êtes pas fait pour vivre en gentilhomme campagnard. La Bretagne, le manoir paternel, les gars et le biniou, tout cela est bon en passant. Rappelez-vous vos vagues aspirations vers un monde plus vivant…

Jean.

Ah ! mes rêves étaient de gloire et d’amour, et non pas d’argent. Je ne désire plus rien : vous m’aimez, je suis le maître du monde ! Votre amour est un luxe d’Orient, je n’en veux pas d’autre.

Hortense.

Mais pour conserver celui-là, tête de bois ! il faut rester à Paris, et on ne vit pas à Paris de l’air du temps ! La passion est une belle chose, mais ce n’est pas une carrière… « M. le vicomte Jean de Thommeray ! — Qu’est-