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Hortense.

Je pourrais vous répondre que je manque à des engagements sacrés, peut-être aussi sacrés que les vôtres.

Jean.

Non ! puisque M. de Montlouis a le premier manqué aux siens, puisqu’il n’y a rien de commun entre vous… Vous me l’avez dit, du moins.

Hortense.

Et c’est la vérité !… Qu’allez-vous imaginer, bon Dieu ? Si mon mari m’avait aimée, faites-moi l’honneur de croire que vous ne seriez pas là. À ce propos, mon ami, quand prendrez-vous sur vous d’offrir la main à M. de Montlouis ? Jusqu’à présent, j’ai mis votre attitude de criminel sur le compte de la gaucherie bretonne ; mais si vous aviez le moindre souci de mon repos…

Jean.

Ah ! madame, c’est ! e plus grand sacrifice que vous puissiez exiger. Je voudrais rentrer sous terre quand M. de Montlouis me tend cette main confiante dans laquelle notre secret découvert mettrait une épée ! Je ne lui dérobe rien en acceptant votre amour, mais je lui volerais quelque chose en acceptant son amitié.

Hortense.

Trouvez-vous plus chevaleresque de me perdre ?

Jean.

Je ferai ce que vous voulez.

Hortense.

Êtes-vous assez primitif !… mais c’est peut-être pour cela que je vous aime.