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Jean.

Je mentirais si je disais que je n’ai pas souvent de vagues aspirations vers un genre de vie moins paisible et moins uniforme ; j’ai parfois d’étranges visions ! mais elles sont si fugitives que mon esprit n’en est jamais sérieusement troublé.

Hortense, à part.

Il est singulier.

Jean.

Mais vous, madame, c’est à Paris que vous vivez ? Vous venez rarement dans ce pays. C’est la première fois que j’ai l’honneur de vous y voir.

Hortense.

C’est la première fois que j’y viens, en effet. J’y possède une terre dont M. de Montlouis n’a ni le temps ni le goût de s’occuper. J’ai pris le parti de m’en occuper moi-même, et c’est précisément ce qui m’amène auprès de monsieur votre père.

Jean.

Ainsi, madame, jeune et belle comme vous l’êtes, c’est pour affaires que vous vous êtes enfin décidée à visiter nos landes et nos bois ?

Hortense.

Faites-moi l’honneur de croire que les affaires ne sont pas de mon goût : les questions d’intérêt ne me touchent guère et je ne m’en occupe que contrainte et forcée. Je me serais contentée d’écrire à mon notaire, si je n’avais été heureuse de saisir un prétexte pour échapper aux ennuis de la vie mondaine, et parcourir cette Bretagne si riche de grands souvenirs.