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Le Comte, qui se dirigeait vers le perron avec la comtesse.

J’y vais. (À sa femme.) Vous avez encore quelques dispositions à prendre, je reviens.

Il sort par le fond ; la comtesse rentre dans la maison.



Scène IV

MARIE, JEAN.
Jean.

Est-ce vrai, Marie, ce qu’on vient de me dire ? Tu doutes de ma tendresse ? N’es-tu pas ma sœur et ma femme ? Tu n’étais encore qu’une enfant que je te regardais déjà comme la compagne de ma vie : qu’y a-t-il de changé entre nous ? Je n’ai pas cessé de voir en toi le couronnement et le prix de ma destinée. Ce qu’un jour je t’écrivais d’Afrique est et sera toujours la vérité. T’en souviens-tu, de cette lettre ?

Marie.

C’était la veille du jour où tu fus mis à l’ordre de l’armée… Ô chère lettre ! je la sais par cœur : « Nous nous battons demain, je pense à toi, et jamais je n’ai mieux senti à quel point tu m’es chère. Sois tranquille, je sais ce que je dois à mon pays, à mon nom, à ta tendresse : vous serez tous contents de moi là-bas !… »

Jean.

Cette lettre, je l’écrirais encore aujourd’hui. C’est à toi que je penserais, tu serais encore à l’heure du danger ma force et mon espoir. Et pourtant, tu as douté de moi ?