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La Comtesse.

Il est parti ce matin pour la chasse.

Le Comte.

Je comprends ! pour fêter le retour de ses frères, il est allé leur cueillir un bouquet.

La Comtesse.

Mon ami, est-ce que Jean ne vous inquiète pas un peu ?

Le Comte.

Et pourquoi m’inquiéterait-il ? Il nous est revenu avec une santé de fer ; il marche comme un Basque et j’ai peine à le suivre ; à cheval, c’est un centaure ; il a, matin et soir, un appétit de loup, et, la nuit, il dort comme un loir. Ces symptômes n’ont rien d’alarmant.

La Comtesse.

La santé du corps ne suffit point, il faut encore y joindre celle du cœur et de l’esprit.

Le Comte.

Jean n’a-t-il pas le cœur et l’esprit sains ?

La Comtesse.

Vous n’êtes pas frappé du changement de son humeur ?

Le Comte.

Non, ma foi !

La Comtesse.

Vous ne remarquez pas que, depuis quelque temps, il est distrait, songeur, parfois même un peu triste ?

Le Comte.

Je n’ai pas remarqué ; mais, quand cela serait, je ne