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Sylvain.

Pas encore, monsieur le comte ; mais ils ne peuvent tarder.

Le Comte.

Braves gens ! Ils ont assisté au départ, ils boiront avec nous le vin du retour… (Sylvain sort.) La belle matinée ! le gai soleil d’automne ! Il y a longtemps que la vie ne m’avait semblé si légère. (La comtesse descend le perron ; il va la recevoir et lui baise la main avec une tendresse respectueuse.) Eh bien, il est venu ce jour qui devait n’arriver jamais. Chère femme, êtes-vous heureuse ?

La Comtesse.

Vous le demandez, mon ami ! Vous demandez si je suis heureuse, quand je vais revoir mes deux fils, quand mes deux derniers nés me sont enfin rendus, après une si longue absence !

Le Comte.

Cinq ans !… Oui, en effet, c’est une longue absence, mais qui aura été féconde ; ne la regrettons pas. Nous avons vu partir des enfants, nous allons retrouver des hommes. Comme leur frère aîné, ils ont appris à la grande école le respect de la règle et la pratique du devoir ; comme lui, ils ont payé leur dette au pays. Le pays nous les rend, l’épreuve est terminée, et nos trois fils nous appartiennent.

La Comtesse.

Oui… mais Jean…

Le Comte.

Au fait, où est-il donc ?