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moi, ce seraient les pierres de la maison vendue pour me tirer d’affaire… car tu n’as pas de valeurs au porteur ?

Navarette.

Non… tu m’as toujours conseillé les immeubles.

D’Estrigaud.

La vente d’un immeuble quel qu’il soit ne peut pas rester secrète, et, dans huit jours, je serais la fable de tout Paris.

Navarette.

Que faire, mon Dieu, que faire ? — Si nous déclarions hautement la chose comme elle est, si je disais que ma fortune me vient de toi et que je la restitue, n’y aurait-il pas là une certaine grandeur ?

D’Estrigaud.

Grandeur de ton côté, oui, certes ; mais bassesse du mien. Et puis je ne veux pas te mettre sur la paille.

Navarette.

Oh ! je n’y serais pas. Ma maison vendue, il me resterait pour deux millions de terrains, avenue de Zurich.

D’Estrigaud, avec une surprise émue.

Tu as pour deux millions de terrains ?

Navarette.

Oui.

D’Estrigaud.

Et je n’en savais rien !

Navarette.

Tout le monde l’ignore.