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Raoul.

Bel avantage ! Mets-y un oignon véritable, il te sera aussi utile. Une montre peut servir à un commerçant qui a des affaires, à un amoureux qui a des rendez-vous, à un médecin qui a des malades. Mais, pour rester enfermés comme nous dans une mansarde, moi à dormir le nez dans un code, toi à m’empester avec ton badigeon, à quoi bon savoir l’heure qu’il est ? Tu ressembles à un homme qui aurait un thermomètre accroché à la cheminée et pas une bûche à mettre dedans !

Henri.

Fais de l’esprit tant que tu voudras. Tu n’as pas d’autre plaisir que de me taquiner, ainsi il faut bien que j’en prenne mon parti.

Raoul.

Qu’est-ce que tu veux dire par là ?

Henri.

Je veux dire que ton unique passe-temps est de me tourmenter et de m’impatienter. Tu sais aussi bien que moi combien nous sommes pauvres ; quand nous avons loué ensemble ce grenier, c’était une misère qui en aidait une autre, et tes parents t’ont refusé autant de fois que les miens de t’envoyer cent écus.

Raoul.

Oui, avec deux morceaux de toile percée nous avons fait un sac. Le malheur est qu’il n’y a rien dedans.

Henri.

Puisque tu en conviens, comment peux-tu en plaisanter ?