À vous, à lui, à votre sexe tout entier, à cette humiliante façon d’aimer qui nous met au rang des animaux de luxe, un peu avant les chiens de race et les chevaux de sang ; est-ce clair ?
Très-clair. Toute femme qui se pique de délicatesse s’indigne d’être aimée pour sa beauté ; elle ne veut l’être que pour son âme, c’est connu.
Prétention bien ridicule, n’est-ce pas ?
Je ne dis pas cela ; mais, que voulez-vous ! l’homme est un être grossier à qui l’amour vient par les yeux.
C’est ce que je lui reproche.
Par malheur, c’est là une loi de nature à laquelle les deux sexes sont soumis, le vôtre comme le nôtre, malgré toute prétention contraire…
Quelle infamie !
Voyons, madame, la main sur la conscience : si vous aimiez quelqu’un, et que ce quelqu’un vous arrivât un jour borgne ou manchot, est-ce que ce dégât ne jetterait pas un peu d’eau froide sur votre exaltation ?