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Léon.

Comment ! il n’y a pas d’autre différence entre les deux ?

Bordognon.

Pardon… il y a le caissier. Pour les premières, c’est le mari ; pour les autres, c’est l’amant. Bref, ces deux variétés fleurissent simultanément à tous les étages de la société, et duchesse ou bourgeoise, de dix à cent mille francs de rente, la lionne pauvre commence où la fortune du mari cesse d’être en rapport avec l’étalage de la femme. Tu as compris ? oui, bonjour !…

Léon, se levant et l’arrêtant.

Eh ! mon cher, il y a pour les femmes des moyens moins honteux de dépenser plus d’argent que ne leur en alloue le mari ; et l’anse du panier…

Bordognon.

En effet, l’anse du panier… c’est par elle qu’on entre en danse. Tant que la lionne en question est honnête, le mari paie dix centimes les petits pains d’un sou ; du jour où elle ne l’est plus, il paie un sou les petits pains de dix centimes. Elle a débuté par voler la communauté, elle l’achève en l’enrichissant.

Léon.

Je ne te croyais pas si fort !

Bordognon.

L’expérience, la pratique ! On fait ses classes au collège, on ne fait ses humanités que dans le monde ! — Moi, Frédéric Bordognon… Bordognon ! fils cadet d’un marchand d’huile, rue de la Verrerie, à l’enseigne des Trois Olives, si je te racontais mon odyssée galante ! J’ai