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appartient à cette catégorie de Parisiennes mariées, que j’appelle, moi, les lionnes pauvres !

Léon.

Les lionnes pauvres ?

Bordognon.

Oui, mon cher.

Léon, s’asseyant sur le bord de la table.

Quand tu désireras que je te comprenne, tu t’expliqueras.

Bordognon.

Tout de suite !… Qu’est-ce qu’une lionne dans cet argot qu’on nomme le langage du monde ?

Léon.

Une femme à la mode, une élégante.

Bordognon.

Et, à ton sens, une femme à la mode, c’est ?…

Léon.

Un de ces dandys femelles qu’on rencontre invariablement où il est de bon ton de se montrer, aux courses, au bois de Boulogne, aux premières représentations, partout enfin où les sots tâchent de persuader qu’ils ont trop d’argent aux envieux qui n’en ont pas assez.

Bordognon.

Pas mal. Ajoute une pointe d’excentricité, tu as la lionne ; supprime la fortune, tu as la lionne pauvre.