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La Marquise.

Vous aimez Clémence.

Sergine, troublé.

Moi ! Où voyez-vous cela ?

La Marquise.

Ne fût-ce qu’à votre emportement quand je veux la marier. C’est la première fois que vous me parlez durement, Albert. Je ne vous en veux pas, mon pauvre ami, mais n’allons pas plus loin. L’heure de la séparation a sonné. Je vous relève de vos serments et vous rends votre liberté.

Sergine.

Mais je n’accepte pas cette rupture. Songez-vous ?…

La Marquise.

À ce que dira le monde ? Je renonce au monde.

Sergine.

Vous renoncez ? Non, Charlotte ! quand votre supposition serait fondée, et elle ne l’est pas… je ne vous abandonnerais jamais ! — Ne vous avais-je pas priée tout d’abord de ne pas vous mêler du mariage de Vernouillet ? Est-il étonnant que j’y aie mis plus de vivacité quand j’ai su qu’il s’agissait de la sœur de mon meilleur ami ? Vous êtes une enfant. Je n’aime et ne puis aimer que vous.

La Marquise.

Soyez sincère, je vous en supplie, soyez brutal. J’aime mieux vous perdre que vous tenir de votre compassion… de votre charité. Je m’attendais à une résistance généreuse, vous me la deviez ; mais vous voilà en règle avec votre conscience ; vous en avez assez fait pour le devoir…