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La Marquise.

Priez-le de m’attendre et venez me mettre une robe.

Elle sort par la gauche.
La Femme de chambre, à la cantonade.

Veuillez entrer, monsieur ; madame vous prie de l’attendre un moment.

Elle suit sa maîtresse.
Henri, entrant.

J’attendrai.



Scène III

HENRI, seul.

Mon entreprise est assez risquée. Après tout, si on me met à la porte, je le verrai bien. (S’approchant du guéridon.) Des livres. Dis-moi qui tu hantes, je te dirai qui tu es. (Prenant les livres.) L’Imitation… la Physiologie du mariage… le Contrat social… les Harmonies… Me voilà bien renseigné ! — Une bizarrerie assez fréquente chez les femmes du monde, me disait un vieil habitué de l’Opéra, c’est d’aimer à être traitées comme ces demoiselles. Pourquoi s’en étonne-t-on, ajoutait-il, tandis qu’on ne s’étonne pas que ces demoiselles aiment à être traitées comme des femmes du monde ? C’est le même esprit de révolte de part et d’autre, toujours le péché d’Ève qui agit en sens inverse, les points de départ étant contraires ; et les unes doivent être furieuses d’irrévérences comme les autres de respect. Et l’indulgent vieillard ajoutait : Il n’y a que deux catégories de femmes,