Page:Augier - Théatre complet, tome 4.djvu/319

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.



Scène VI

LE MARQUIS, assis, VERNOUILLET.
Le Marquis, à part.

Tu lui donneras la main, faquin, c’est moi qui te le dis. (Tirant sa montre.) Bah ! le cercle aura tort. J’ai ici de quoi m’amuser. (À Vernouillet, qui examine les tableaux par contenance.) Vous ne me reconnaissez pas, monsieur Vernouillet ?

Vernouillet.

Pardon, monsieur le marquis, mais je craignais de ne pas être reconnu moi-même.

Le Marquis.

À cause de votre procès ? Il paraît bien que le cas n’était pas pendable puisqu’on ne vous a pas pendu… et d’ailleurs l’accueil rogue de ce bon M. Charrier m’a tout disposé en votre faveur.

Vernouillet.

Ah ! monsieur, je vous jure que mon seul but dans cette malheureuse spéculation était de faire un coup qui me mît à même de rester honnête homme.

Le Marquis.

En effet, cela ne vaut-il pas mieux pour un garçon de cœur que de passer sa vie à carotter, pour parler la langue de vos salons ? On s’exécute une bonne fois, c’est pénible, mais on n’a pas à y revenir : voilà comme je comprends la probité.