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tout lui a assez bien réussi ; orpheline et sans le sou, elle a épousé un vieux mari pour sa fortune…

Charrier.

Ce n’est pas vrai. Elle a épousé son oncle par raison de famille et non par intérêt. Elle a été angélique pour lui, ce qui n’est pas un petit mérite, car le bonhomme est un braque des mieux conditionnés ; je ne pense pas que ton goût pour la contradiction aille jusqu’à le défendre ?

Henri.

Non, oh ! non ! Il me donne sur les nerfs, ce petit vieux paradoxal, pointu et pointilleux, cet ennemi personnel de l’égalité, ce détracteur narquois de notre révolution ! Je suis enchanté que sa femme ait eu l’esprit de le mettre dans son tort et de se séparer en lui tirant une pension de 50 000 francs ; je ne suis pas fâché qu’elle ait, depuis, accommodé de toutes pièces ce voltigeur de Louis XIV, et que le monde lui ait passé cette petite douceur, à la pauvre femme. Mais quant à la trouver malheureuse, non, non, non !

Un Domestique, annonçant à droite.

M. le marquis d’Auberive !



Scène III

HENRI, CHARRIER, LE MARQUIS.
Charrier.

Ah ! monsieur le marquis, pourquoi avez-vous pris la peine de vous déranger ?