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rien devoir à ma belle-mère, et par conséquent je ne peux pas rentrer chez elle.

Michel.

Bien, Pierre.

Pingoley.

Bien ! bien ! sans doute c’est très bien, mais vous ne songez pas à la position intolérable que vous faites à Clémentine.

Pierre.

Ce n’est pas moi qui la lui fais, et je la subis comme elle, plus qu’elle ! car elle ne m’aime pas. Elle en sera quitte pour me donner tous les torts… personne ne prendra ma défense, soyez-en sûr… pas même moi ! on la plaindra, et ce rôle de victime flattera son amour-propre, sa seule passion. Tandis que moi… moi, je l’aime !

Pingoley.

Vous l’aimez et vous ne voulez pas revenir ?…

Pierre.

Non ! et quand elle m’aimerait aussi par un miracle, quand elle serait là suppliante à mes pieds, je répondrais encore non ! car il est des injures qu’on ne peut pardonner sans s’avilir, qu’à condition de ne pas les oublier.

Michel.

Il n’y a rien à répliquer, monsieur le marquis.

Pingoley, à part.

Clémentine à la rescousse ! (Haut.) Vous êtes un fou, mais on ne dira pas que vous soyez un pied-plat. (Il lui tend la main.) En somme, c’est moi qui paye les pots cassés.