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Michel.

Hier soir ! Oui, mon bonhomme… trouves-tu la précaution intempestive ?

Pierre.

Mon brave Michel, j’accepte de ton amitié un dévouement…

Michel.

Tu m’ennuies. Il te faut un second, n’est-ce pas ? c’est un honneur qui me revient de droit, et que tu ne me ferais pas l’affront d’offrir à un autre ; donc, pas de phrase à ce sujet. D’ailleurs, j’espère bien que les choses se passeront en douceur.

Pierre.

Espérons-le.

Michel.

Mais il faut tout prévoir ! je suis un homme d’ordre, moi, et j’ai des devoirs de reconnaissance…

Pierre.

Envers qui ?

Michel.

Envers ma petite rente qui m’a nourri pendant si longtemps. Je ne peux pas la laisser sur le pavé après moi, n’est-ce pas ? Je te la lègue, avec recommandation d’en avoir bien soin ; et à ton défaut, pour le cas où ton aimable découverte nous escofierait tous deux, elle reviendra à la caisse de secours des savants. Voilà comment agit le sage, et tu devrais en faire autant.

Pierre.

Moi, je n’ai que ta petite rente, et puisque tu as pourvu à son sort…