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lettes et on les saluera ! (Pierre se lève, les yeux éclatants.) Courage, mon Pierre ! n’es-tu pas soulagé de savoir que ta dignité, l’amour de ta femme, le bonheur, tout cela est à la portée de ta main ?

Pierre, fiévreusement.

Ai-je une valeur seulement ?

Michel.

Comment ! vous êtes sur la voie d’une découverte égale à celle de la vapeur, destinée à la remplacer un jour, et vous faites de la modestie !

Pierre.

Oui, l’idée est belle ! mais la mènerai-je à fin ?

Michel.

Ces idées-là ne viennent pas aux impuissants. Voyons, pas de découragement, ne te laisse pas aplatir par les salons. Tu ne me prends pas pour un imbécile, j’espère ? Eh bien, je crois en toi !

Pierre, brusquement.

Tu m’aimes tant…

Michel, brutalement.

Je t’aime parce que tu es un homme de génie ! C’est stupide à dire, tant pis, je suis en veine de grossièretés.

Pierre.

Du génie ! si j’avais seulement du talent !

Michel.

Quand je te dis une chose, tu peux bien me faire l’honneur de me croire. D’ailleurs, rien de plus facile que de t’en assurer, et cela en vaut bien la peine.