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que la chandelle est à la lanterne magique. Mais tu ne dis rien ? Est-ce qu’il y a un pli dans ton lit de roses ?

Pierre, avec une fausse gaieté.

Quel pli veux-tu qu’il y ait ?… J’ai une femme adorable, une belle-mère adorable, je nage dans le luxe… Il ne me manque rien. Je suis parfaitement heureux.

Michel.

Dis-le donc ! (Le serrant dans ses bras.) Ô mon cher parvenu, que je suis content de tout le bonheur qui t’arrive ! qu’il est juste, qu’il est de bon exemple ! Pourquoi, diantre ! le destin ne s’amuse-t-il pas plus souvent à mettre ses détracteurs dans leur tort ?

Un domestique entre.
Pierre.

Qu’est-ce que c’est ?

Le Domestique.

Ce sont des cartes de visite que madame a commandées.

Il pose le paquet sur la table et sort.
Michel, regardant les cartes.

Tiens, ton nom s’est embelli.

Pierre.

Oui… ma femme a voulu mettre un trait d’union entre Pierre et Chambaud : elle trouve le nom plus joli comme cela… je n’ai pas cru devoir la contrarier pour si peu.

Michel.

Tu as eu tort. Ce trait d’union était un acheminement à la particule. Madame de Chambaud, ce n’est pas bien tentant… tandis que madame de Pierre-Chambaud… diable !