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Clémentine.

Pourquoi faire vos courses à pied ! par économie ?

Pierre.

J’aime à me servir de mes jambes, après dîner.

Sophie sort.
Clémentine.

Vous avez mis Sophie en déroute avec votre tutoiement.

Pierre.

Je me suis repris.

Clémentine.

C’était souligner le mot.

Pierre.

C’est si naturel de tutoyer sa femme !

Clémentine.

Puisque ce n’est pas l’usage dans notre monde ! C’est une habitude à prendre, voilà tout. On ne s’en aime ni plus ni moins.

Pierre.

Mais l’important est d’avoir l’air de s’aimer moins, n’est-ce pas ? Ne te fâche pas : je vous dirai vous avec mes lèvres, et toi, avec mon cœur, si vous le permettez.

Clémentine.

Tant que tu voudras !

Pierre.

Merci. Ce petit mot-là me fait l’effet d’une caresse.

Il lui prend la main.