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de ton travail… et, par parenthèse, c’est assez ridicule dans ta position de fortune.

Pierre.

Ceci ne regarde que moi.

Michel.

Passons : en fait de fierté, l’excès n’est pas un défaut. Ce que je ne te passe pas, c’est ton indolence…

Pierre.

Voilà bien du bruit pour huit jours perdus.

Michel.

Si tu peux te séparer huit jours de ton idée, c’est que tu n’en es pas épris, sacredié ! sans enthousiasme, pas d’œuvre… Ah si je pouvais te souffler un peu de mon ardeur !

Pierre.

Garde-la pour toi, ton ardeur !

Michel.

Qu’en ferais-je ? je ne suis bon à rien ; mon espoir, mon ambition, c’est toi ! J’ai placé tout mon orgueil sur ta tête, et morbleu, tu ne me feras pas banqueroute. Fâche-toi si tu veux, dis-moi des duretés, je ne m’offense pas de ton ingratitude filiale.

Il lui tend la main.
Pierre.

Pardon, mon vieux Michel. — Je suis amoureux.

Michel.

Amoureux ! c’est une raison cela… au printemps ; que ne le disais-tu tout de suite ?