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Quand vous êtes venue en mon orgueil aride
Épancher la fraîcheur de votre âme limpide,
Et mettre dans mon cœur, aux portes du tombeau,
La douceur d’admirer quelque chose de beau.

Hippolyte.

Ah ! Seigneur, vous vivrez ! votre âme raffermie
Sans fléchir maintenant peut soutenir la vie ;
Vous saurez, fatigué d’un spectacle odieux,
Qu’il existe des cœurs où reposer vos yeux…

Clinias.

Il n’en existe qu’un, le vôtre, noble fille !
Mais vous allez revoir votre heureuse famille,
Et, quand vos pieds auront abandonné mon seuil,
Je me retrouverais plus seul et plus en deuil
Que si mon cœur jamais ne vous eût entendue,
Car je vous connaîtrais et vous aurais perdue.

Hippolyte.

Vous en rencontrerez une autre quelque jour
Aussi digne d’estime et plus digne d’amour…
Vous l’aimerez, Seigneur, et connaîtrez près d’elle
La paix d’une tendresse honnête et mutuelle.

Clinias.

Qui voudrait accepter l’hymen d’un débauché,
Et les restes d’un cœur par le vice séché ?
Croyez-vous que jamais une vierge consente
À mettre dans mes mains sa jeunesse innocente ?
À part.
Elle se tait…
Elle se tait…Haut.
Elle se tait…Allez ! je fais bien de mourir !
C’est le plus sûr repos où je puisse courir.