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Cléon.

Comment donc ! n’est-tu pas si joli, qu’Hippolyte
Entre mon hyménée et ton amour n’hésite ?

Paris.

Tu triomphes, Cléon ; mais tu t’y prends trop tôt,
Car je puis épouser comme toi, s’il le faut.
J’aime assez Hippolyte, et suis assez peu sage
Pour la disputer même au prix d’un mariage.

Clinias.

Pour t’enrichir un peu, vendre ta liberté !

Paris.

C’est la femme que j’aime avec avidité,
Non l’argent. Il n’est pas de liberté qui tienne :
Comme épouse ou maîtresse, il faut qu’elle soit mienne.
À part.
Mais Cléon le paiera de m’avoir embâté
D’un amour légitime à perpétuité.

Clinias.

As-tu bien réfléchi ?

Paris.

As-tu bien réfléchi ? J’épouse à l’aveuglette ;
Et qu’Hippolyte soit honnête ou malhonnête,
Elle est belle, et vaut bien, pour ne la perdre pas,
Que l’on coure le sort du triste Ménélas…
Enfin, pour parler net, ma vie en peut dépendre,
Et tu me permettras au moins de la défendre.

Clinias.

Eh bien, soit, disputez sa main, si toutefois
Hippolyte entre vous consent à faire un choix.