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Je rencontre une fille, où je trouve tracé
Le portrait idéal si longtemps caressé,
Belle, de douce humeur, d’une vertu farouche ;
Vite je la destine à l’honneur de ma couche ;
Et quoi qu’elle ait d’argent avec tous ses appas,
Je prends le tout ensemble, et je n’en rougis pas.

Clinias.

Peut-être as-tu raison.

Cléon.

Peut-être as-tu raison.Oui, l’hymen est l’asile
Des honnêtes amours et du bonheur tranquille.

Paris.

Là, là, je vais pleurer.

Clinias.

Là, là, je vais pleurer.Tant pis pour toi, moqueur.
Si son discours n’a rien remué dans ton cœur.
Je t’avais mal jugé, Cléon ; ton âme est bonne :
Pardonne mon erreur.

Cléon.

Pardonne mon erreur.Hélas ! je la pardonne.

Clinias.

Va trouver Hippolyte et lui donne ta foi.
Elle est mal prévenue encore contre toi ;
Mais elle reviendra d’un jugement sévère
Quand tu lui parleras comme tu viens de faire.

Paris.

Autant vaut sur-le-champ nommer Cléon vainqueur !
Le moyen que je lutte avec un épouseur ?